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Si vous aimez les microphones, vous avez sûrement entendu parler de lui. Le Neumann KM184 est l’un des statiques à petite membrane les plus célèbres du monde de l’audio-pro. Pourquoi donc ? Nous allons tenter de répondre…
Il est toujours un peu ardu de trouver un angle d’attaque original quand on vous demande de parler d’une marque aussi connue que Neumann. Car si vous lisez ces quelques lignes, il y a fort à parier que vous avez déjà souvent entendu parler de la marque allemande et que vous connaissez nombre de ses produits, voire même que vous en possédez un ou plusieurs.
Une fois n’est pas coutume, attaquons donc ce nouveau test Audiofanzine par une petite histoire…
Il était une fois…
… le KM 84
Notre histoire commence en 1966 à Oslo. Une chaine d’état norvégienne avait alors demandé aux ingénieurs de Neumann de concevoir de nouveaux microphones à transistors pour équiper leurs studios d’enregistrements. Quelques-unes des requêtes techniques étaient que ces micros soient les plus petits possibles en taille mais également qu’ils ne soient pas dépendants d’une alimentation externe comme Neumann avait coutume de le faire à l’époque (avec, par exemple, les micros de type U47 ou M49). Alimentations un peu conséquentes et pas toujours très ergonomiques. Les ingénieurs norvégiens souhaitaient en particulier que ces micros puissent être justement alimentés par le propre circuit électrique de la chaine, déjà installé dans ses locaux. Ce circuit était basé sur un voltage de 48 volts. Cela vous rappelle-t’il quelque-chose ? Et oui, c’est ainsi, après quelques recherches menées par l’équipe allemande, qu’est née l’alimentation phantom, toujours utilisée de nos jours.
Neumann se pencha également sur l’épineux problème de la taille et proposa quelques temps plus tard un micro de seulement 110 mm de long pour 21mm de diamètre : le fameux KM 84, plus petit microphone de l’époque et premier microphone à transistors au monde alimenté en 48v. Bon à savoir : KM signifie justement « Kleine Mikrofon » dans la langue de Goethe, soit « petit microphone ».
… le KM184
De par un son très droit et réaliste, le KM 84 devint rapidement un microphone incontournable mais Neuman décida d’arrêter sa production en 1992… pour le remplacer l’année suivante par le KM 184. Bien que les deux micros soient physiquement très proches et partagent la même cellule, le KM 184 possède des évents légèrement moins ouverts, ce qui lui amène une petite bosse vers 9–10 kHz comme une restitution des basses fréquences légèrement moins large (cf courbes de réponses). Son étage de sortie ne possède aucun transformateur et sa plage de dynamique, sa gestion des fortes pressions acoustiques comme son rapport de signal sur bruit en sont aussi améliorés. In fine, de par de nouveaux composants et une réponse en fréquence moins linéaire que son ancêtre, le KM 184 apporte dixit Neumann « un équilibre plus frais et plus vivant ».
Comme à l’accoutumée, quand la marque allemande fait évoluer ses produits (nous éviterons de parler du U87ai…), un débat incessant gagne les ingénieurs du son : quelle version préférer et pourquoi? Nous laisserons à d’autres le loisir de tergiverser sur le sujet. Pour l’heure nous nous contenterons « juste » de tester le KM184 et vérifier si oui ou non, ce microphone fonctionne aussi bien qu’espéré et surtout s’il mérite son statut de « classique ».
La Batterie
HH, Overhead et Ambiance
Commençons les tests avec des positions assez habituelles pour un microphone à petite membrane : devant des cymbales ou en prises d’ambiance.
Première constatation : grâce à sa petitesse, le KM184 se place avec une grande facilité. D’une maniabilité exemplaire, il est vraiment aisé de trouver le « sweet pot » et d’installer le microphone de façon non invasive, sans gêner le musicien.
D’emblée, le résultat obtenu est très détaillé avec une belle définition et beaucoup de finesse. Sur le charleston, nous entendons parfaitement le jeu de baguette et son impact sur la cymbale; la couleur est claire sans jamais être agressive ou clinquante. De plus, la couleur du Neumann se marrie admirablement avec le Coles 4038 placé en overhead. Rajoutant juste ce qu’il faut de mordant et de dynamique pour obtenir un son à la fois bien ample et surtout bien net.
En overhead, c’est idem : la restitution sonore est idéale. Il est même étonnant pour un microphone à petite capsule d’entendre à quel point la plage de fréquences captée est large. Les aigus sont présents mais plutôt mats, presque secs. Le timbre de la caisse claire comme le bas de la grosse caisse ne bavent aucunement. Tout est parfaitement sous contrôle. La batterie gagne en précision comme en corpulence. Sa dynamique est idéalement gérée et l’équilibre général très bon. Tellement bon d’ailleurs que le Coles 4038 paraît en comparaison un peu sourd, pour ne pas dire pataud.
Une fois le KM 184 éloigné de la source, que cela soit à un mètre de la batterie (front) ou en room, la propreté du son est toujours bien là. Toutes les fréquences sont bien tenues et concises : aucune retouche n’est nécessaire au vue de la qualité du rendu. Terriblement efficace, le micro tient même la comparaison face à un microphone à grosse membrane (U87). Une belle claque sonore.
- 01a Km184 HH00:17
- 01b Km184 HH + OH00:17
- 01c Km184 HH OH Solo00:17
- 02a Km184 Position OH00:17
- 02b Coles OH00:17
- Drums Front 18400:17
- Drums Front U8700:17
- Drums Room 18400:17
- Drums Room U8700:17
Les futs en proximitié
Attaquons nous maintenant aux prises de futs en proximité.
Première remarque en installant le KM 184 : il lui manque cruellement un pad –10dB. Bien que sur le papier le microphone puisse encaisser jusqu’à 138dB SPL, on sent que la membrane est sur ses limites devant la caisse claire. La saturation de la cellule n’est pas loin et le niveau de sortie du micro s’en retrouve très élevé : attention donc à vous munir d’un pré-ampli qui supporte les forts niveaux électriques et/ou équipé d’un atténuateur. Je ne saurais donc vous conseiller de privilégier le KM 184 pour des jeux de caisse claire plus doux, sur lesquels la définition du micro n’en sera d’ailleurs que mieux mise en valeur et votre captation bien plus riche.
Sur les toms, le microphone surprend de nouveau par son ampleur dans le bas du spectre. Il est également toujours aussi détaillé : vous remarquerez que cette précision met en avance le réglage un peu lâche des peaux de frappe. Réglage qui ne nous avait aucunement frappé avec d’autres micros. De plus, l’harmonique de chaque fût s’entend impeccablement, tout comme la résonance par sympathie quand les toms ne sont pas joués. Avec un tel niveau de fidélité, vos batteurs se devront donc d’une rigueur sans faille !
Évidemment, la gestion de la dynamique est toujours aussi agréable et le couple formé avec le Coles fonctionne toujours aussi bien.
Dernier détail et pas des moindres : la réjection des sources hors-axe du Neumann est excellente. La repisse (ou diaphonie) ne révèle aucune fréquence désagréable et ne vient jamais entacher le timbre des instruments ou leur équilibre général. Décidément, il est bien difficile de lui trouver des points faibles…
- 03a Km184 Sn00:18
- 03b Km184 Sn + OH00:18
- 03c Km184 Sn OH Solo00:18
- 04a Km184 Tom Hi00:17
- 04b Km184 Tom Hi + OH00:17
- 04c Km184 Tom Hi OH Solo00:17
- 05a Km184 Tom Lo00:19
- 05b Km184 Tom Lo + OH00:19
- 05c Km184 Tom Lo OH Solo00:19
Sur des amplis basse et guitare
La Basse
Passons maintenant aux instruments électriques.
Comme pour la caisse claire, faites attention au volume ! Le Km 184 délivre un niveau excessivement élevé, ce qui joue quelque peu sur l’ergonomie du micro : la présence d’un pad sur votre pré-ampli est littéralement indispensable. Bien que son niveau de sortie soit conséquent, la cellule du Neumann ne sature aucunement, bien au contraire. Elle encaisse cette fois parfaitement la puissance de l’ampli basse et restitue toujours aussi divinement le son de l’instrument. Vous n’aurez bien évidemment pas autant de sub qu’avec un dynamique: nous sommes toujours en présence d’un micro à petite cellule, ne l’oublions pas. Mais avec ce bas bien rond, ce beau bas-médium généreux et toujours ce côté sec avec des aigus concis et contrôlés, le Neumann engendre un son charpenté, comme taillé dans le marbre.
- Bass 18400:27
- Bass Re2000:27
- Bass 184 B00:23
- Bass Re20 B00:23
- Bass 184 Fuzz00:27
- Bass Re20 Fuzz00:27
- Bass 184 B Fuzz00:26
- Bass Re20 B Fuzz00:26
La guitare électrique
Devant un ampli de guitare, le placement du Neumann se fait toujours aussi simplement et rapidement.
Sur tous les styles de jeu, l’équilibre est superbe et nous retrouvons une belle retranscription des différentes dynamiques. Rien ne dépasse. Le son est droit, naturel tout en étant compact, bien cadré et très lisible. Moins médium et teigneux que le Sm57, moins baveux que le U87, le KM184 est un parfait entre-deux. Que cela soit sur la prise de surf, d’arpège ou de palm-mute, le son est bien épais avec des attaques de médiator qui ressortent bien et apportent un joli mordant.
Sur la prise de guitare fuzz, l’enclenchement d’un pad est à nouveau indispensable. Sur cet exercice, le KM184 montre à quel point son amplitude fréquentielle est grande et comme il arrive à remplir le spectre de façon si droite et si régulière. Nous voici face à un son d’une grande corpulence et d’une belle épaisseur sans gêne aucune dans le bas du spectre. Quant aux aigus, le côté abeille est cette fois bien audible (merci la BigMuff!) mais de façon assez douce, sans jamais vriller nos oreilles. Je le répète : bas, médiums, aigus, tout est sous contrôle. Superbe.
- Gtr Elec 184 Surf00:20
- Gtr Elec Sm57 Surf00:20
- Gtr Elec U87 Surf00:20
- Gtr Elec 184 Arpege00:27
- Gtr Elec Sm57 Arpege00:27
- Gtr Elec U87 Arpege00:27
- Gtr Elec 184 PalmMute00:24
- Gtr Elec Sm57 PalmMute00:24
- Gtr Elec U87 PalmMute00:24
- Gtr Elec 184 Fuzz00:25
- Gtr Elec Sm57 Fuzz00:25
- Gtr Elec U87 Fuzz00:25
Remarque :
Les microphones à petite capsule sont souvent utilisés sur les amplis en complément de dynamiques et/ou de rubans afin de plus facilement les faire ressortir du mix. Se couplant à merveille avec les rubans sans effet de phase inadéquat (sa petite taille lui permet de se glisser très facilement à leur côté), le KM 184 se plie idéalement à cette technique. Une fois le bas de son spectre filtré, le Neumann accentuera de façon très naturelle les médiums et haut-médiums de votre ampli sans toutefois trop tomber dans l’effet « abeille » potentiellement assez fatiguant à la longue et dont nous parlions précédemment. L’attaque du médiator, le mordant et le clinquant de l’ampli seront mis en avant et le tout, couplé à la douceur, à la rondeur du ruban, feront gagner à votre instrument présence et grandiloquence.
Instruments acoustiques
Les Guitares acoustiques
Retournons maintenant sur les prises d’instruments acoustiques, domaine dans lequel la réputation du KM 184 n’est pas des moindres.
Sur une guitare acoustique, le son est une fois de plus réaliste et ample. C’est vraiment beau et très très propre. L’équilibre est parfait, que le jeu se fasse au doigt ou au médiator. Et quelle définition, quelle dynamique! Aucun agressivité ne se fait sentir, nous retrouvons même très facilement toute la délicatesse des cordes, des mouvements des doigts comme la douce profondeur boisée de l’instrument. La petite cellule induit forcément moins de bas qu’avec un U87 mais voilà justement le point fort du KM : la piste est déjà prête pour le mix. Rien n’est en trop, rien ne manque. Le rendu est naturel et tout simplement parfait.
- Gtr Ac Arpege 18400:14
- Gtr Ac Arpege U8700:14
- Gtr Ac 18400:13
- Gtr Ac U8700:13
Les clochettes
Sur des prises d’instruments percussifs comme des clochettes, nous restons sur cette sensation de propreté totale. Hyper réaliste, la couleur sonore du micro se fait presque oublier, nous laissant tout le plaisir d’écouter réellement l’instrument sans avoir l’impression de passer via un prisme extérieur. Bien que la source soit douce et fine, l’équilibre entre fondamentale et harmoniques est splendide et la large dynamique du Neumann une nouvelle fois bluffante (écoutez les différentes attaques des cochettes parfaitement reproduites).
- Bells 18400:20
- Bells U8700:20
La stéréophonie
Que dire d’autre… sinon en profiter pour vous parler de la stéréophonie. Car le KM184 se prête totalement aux prises stéréo. Couple XY, ORTF ou AB. Qu’importe le setup, le Neumann conviendra parfaitement. Sa petite taille aide évidemment grandement au placement de votre couple. Sa très bonne réjection arrière comme sa grande définition et sa petite bosse dans les aigus vous offriront une image bien large et très réaliste. A vous les joies de la stéréo! Overhead de batterie, de percussions, guitare acoustique, piano, ambiance pour cordes… le panel est très large et le micro vous emmènera encore vers une nouvelle dimension sonore.
La Voix
Qui a dit que les petites cellules n’étaient pas faites pour la prise de voix ? Voila un apriori que le KM 184 s’empresse de briser. Le rendu est toujours aussi beau et aussi chaleureux. Et quitte à me répéter encore: propre et réaliste… Peu surprenant donc, que ce micro se retrouve assez souvent sur des captations de chants classiques. Le petit pic vers 9 kHz ouvre joliment la voix et lui apporte une belle clarté mais cela pourrait également affirmer une petite dureté sur certains timbres de voix. Seule précaution à prendre : faire bien attention à la distance du micro ou ne pas oublier l’anti-pop. L’effet de proximité peut devenir assez imposant sans cela et pourrait même vite devenir problématique.
Une autre facette que ces prises mettent en exergue est la qualité de son que peut offrir le Neumann pour tout ce qui est speak, doublage, voice-over, retakes de cinéma etc. Bien que le KM 184 ne soit pas spécialement dédié à la prise de voix, ce micro répond pourtant entièrement à ce que demande un ingénieur du son de post-production. Naturel, réaliste, propre et ample avec juste ce qu’il faut d’air. Le Neumann est toujours aussi efficace!
- Vx 18400:12
- Vx U8700:12
- Spoken Km18400:09
- Spoken U8700:09
Conclusion
Avec sa courbe de réponse linéaire (et sa légère pointe de brillance), le Neumann KM 184 est un microphone ultra polyvalent. Peu lui importe d’être utilisé en ambiance ou en proximité, en mono ou en stéréo, sur des instruments acoustiques ou électriques. La qualité de restitution du Neumann est indéniable. Et si effectivement, il ne possède pas exactement la même magie que son ancêtre le KM 84, il n’en est pas moins exceptionnel. Si vous êtes à la recherche d’un microphone à petite capsule, ne sous-estimez surtout pas le KM184: ce « Kleine Mikrofon » a définitivement tout d’un grand !
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Source